Rachel D. Smith
Résumé
Les élèves ne connaissent aucun système éducatif autre que celui auquel ils assistent. Comme résultat, ils confondent le concept d’éducation avec leur propre expérience. Ils ne tirent aucun profit des systèmes éducatifs des autres pays. Avec seulement cette compréhension limitée de ce que l’éducation est et pourrait être, les élèves ne peuvent pas développer un esprit critique sur leur propre éducation. Les éducateurs, les psychologues, et les décisionnaires politiques se trouvent dans une situation similaire. Cherchant à élargir cette perception étroite de l’éducation, je compare et contraste les systèmes d’éducation américain et français en utilisant ma propre expérience à l’école américaine.
Introduction
Les éducateurs, les psychologues, et les décideurs institutionnels cherchent toujours la façon d’apporter aux élèves la « meilleure » éducation. Ils effectuent des recherches, consultent les professeurs, et examinent les résultats des examens standardisés mais ils oublient souvent de regarder au-delà des frontières de leur propre pays. En tant qu’élève de terminale, je me demande quelle serait la meilleure éducation pour moi. J’ai décidé de comparer et contraster les systèmes éducatifs américain et français pour apprendre des deux et pour acquérir une meilleure compréhension du rôle de l’éducation elle-même. Dans cet article, j’examine les méthodes de l’enseignement américain et français, les buts de l’apprentissage, les programmes des deux systèmes et leur impact sur le développement intellectuel des élèves de deux ans à dix-huit ans.
Comme le système éducatif américain varie d’un état à l’autre, j’utilise l’expérience la plus courante d’un élève comme généralité. J’explore les deux systèmes d’éducation sous l’angle de l’élève ; la portée de cet article ne s’étend pas aux implications politiques ou nationales du système éducatif. J’explique le fonctionnement de chaque système éducatif avant de discuter de l’expérience de l’élève (y compris la mienne).
Deux ans à cinq ans
« Preschool » et l’école maternelle
Les systèmes éducatifs américain et français partagent l’objectif clé de la petite enfance : apprendre par le jeu ; cependant, les deux systèmes varient en leur compréhension de « jeu ».
La « preschool » américaine fait référence à une période d’un à trois ans facultatifs d’éducation préscolaire, et elle varie d’un état à un autre. Les enfants peuvent s’inscrire à l’éducation préscolaire de deux ans à cinq ans. La dernière année d’éducation préscolaire s’appelle « Pre-Kindergarten (Pre-K) ». Les enfants en « Pre-K » ont en général quatre ou cinq ans. Dans le système français, l’école maternelle a une durée de trois ans obligatoires d’éducation préscolaire (« Organisation de l’école »). Les enfants s’inscrivent à la petite section à trois ans, à la moyenne section à quatre ans, et à la grande section à cinq ans.
La « preschool » américaine et l’école maternelle française cherchent toutes les deux à préparer les élèves au succès dans leur parcours d’éducation. Les deux favorisent la socialisation des enfants entre eux et le développement d’une relation éducative productive avec les maitres. Elles favorisent également les compétences orales, écrites et mathématiques basiques (Yoshikawa 24 et « L’école maternelle »). Surtout, toutes les deux ont pour but d’inciter les enfants à vouloir aller à l’école.
Aux États-Unis, plus qu’en France, la méthode principale d’enseignement pour les tout petits est d’encourager l’apprentissage par le jeu (« Play-based learning »). Les enfants prennent un rôle actif dans leur apprentissage par les expériences pratiques et l’observation. Les instituteurs ne versent pas le savoir dans cerveau d’un enfant ; les enfants absorbent le savoir de leur environnement comme des éponges. Cette méthode est la plus engageante parce qu’elle suit les impulsions naturelles d’un enfant à poser des questions, explorer, et découvrir.
A la « preschool », je me souviens avoir regardé une plante pousser à partir d’une graine, avoir examiné les plumes à travers une loupe, et avoir peint avec les doigts. À l’école maternelle, les enfants apprennent à raconter des souvenirs à haute voix, jouer à un jeu de société simple dans un groupe, et s’exprimer par la danse.
Bien que les deux systèmes suivent des modèles d’apprentissage par le jeu, la méthode française aborde « le jeu » avec une signification plus littérale que la méthode américaine. « Le jeu » dans le système français fait surtout référence aux jouets, à l’activité physique et aux travaux manuels (« Programmes et horaires à l’école maternelle »). Aux États-Unis, l’apprentissage par le jeu présente une portée beaucoup plus large : de la même façon que les enfants peuvent apprendre en jouant avec des blocs ou sur un terrain de jeux, ils peuvent également apprendre en jouant avec un miroir, un gant en latex, ou même une flaque.
Six ans à dix ans
« Elementary School » et l’école élémentaire
La divergence entre les systèmes éducatifs américain et français s’élargit dans la deuxième division d’éducation : l’« elementary school » aux États-Unis et l’école élémentaire en France.
Les deux systèmes enseignent les matières essentielles (langue nationale, histoire et géographie, mathématiques, et sciences) de façon similaire, mais varient considérablement lorsqu’il s’agit des matières au-delà de celles essentielles.
L’« elementary school » américaine fait référence à une durée de cinq ou six ans obligatoires d’éducation. Les enfants participent généralement au « Kindergarten » à cinq ou six ans, au « First (1st) Grade » à six ou sept ans, au « Second (2nd) Grade » à sept ou huit ans, au « Third (3rd) Grade » à huit ou neuf ans, au « Fourth (4th) Grade » à neuf ou dix ans, et au « Fifth (5th) Grade » à dix ou onze ans. Dans les écoles publiques américaines, le « Fifth Grade » fait aussi partie de l’école élémentaire ; dans les écoles indépendantes, c’est d’habitude la première année du « middle school ». Dans le système français, l’école élémentaire fait référence à cinq années obligatoires d’école après « l’école maternelle » (CITATION). Les enfants s’inscrivent au Cours préparatoire (CP) à six ans, au Cours élémentaire première année (CE1) à sept ans, au Cours élémentaire deuxième année (CE2) à huit ans, au Cours moyen première année (CM1) à neuf ans, et au Cours moyen deuxième année à dix ans.
L’ « elementary school » et l’école élémentaire enseignent toutes les deux aux jeunes élèves à développer une maitrise écrite et orale de la langue nationale. Par exemple, les élèves dans les deux systèmes lisent des livres, de courts articles, et des bandes dessinés appropriées pour leur âge (« Common Core Standards Initiative » et « Programmes et horaires à l’école élémentaire »). Ils apprennent à classer les histoires par genre en se basant sur leur ton littéraire. En plus d’écouter le professeur lire, les élèves lisent aussi à haute voix pour pratiquer leurs compétences de lecture et d’élocution ainsi que pour améliorer leur confiance. Ils apprennent également à deviner le sens des mots de vocabulaire inconnus en utilisant le contexte, à se familiariser avec les règles d’orthographe, et à mémoriser les verbes irréguliers.
Les systèmes éducatifs américain et français encouragent aussi les jeunes élèves à poser des questions et à utiliser leur voix (« Common Core Standards Initiative » et « Programmes et horaires à l’école élémentaire »). Mon institutrice de « Kindergarten » s’efforçait, tout le long de l’année, d’enseigner à la classe la différence entre une question et un commentaire et de s’assurer que les élèves les utiliseraient aux moments opportuns. Dans les deux systèmes éducatifs, les élèves apprennent à parler convenablement dans des contextes différents : ils se présentent, racontent des histoires, décrivent leur environnement, expliquent leurs opinions, et même reformulent leurs commentaires quand ils sont mal compris.
Les objectifs d’apprentissage ne sont pas les seuls points communs entre les programmes offerts dans les « elementary schools » américaines et les écoles élémentaires françaises. Aux États-Unis, la plupart des élèves de l’« elementary school » étudient l’anglais, l’histoire et la géographie, les mathématiques, la science, l’éducation physique, l’art, la musique, et quelquefois même le numérique (« Common Core Standards Initiative »). De même, les élèves en école élémentaire en France étudient le français, l’histoire et la géographie, les mathématiques, la science et le numérique, l’éducation physique et sportive, les arts plastiques, et la musique (« Programmes et horaires à l’école élémentaire »).
Il y a toutefois certaines différences clés de curriculum entre l’« elementary school » et l’école élémentaire : l’école élémentaire enseigne des matières qui ne sont pas enseignées à la plupart des élèves américains jusqu’à la « high school » ou le « college » (il ne faut pas confondre ce mot avec son homophone français « collège » ). Premièrement, débutant en cours préparatoire, les élèves français étudient une deuxième langue vivante, étrangère ou régionale (« Programmes et horaires à l’école élémentaire »).
Cette étude de langue non seulement développe les compétences linguistiques, mais aussi aide les élèves à comprendre comment communiquer dans des situations diverses en les exposant aux autres cultures et modes de vie. Deuxièmement, du CE1 (à sept ans) au CM2 (à dix ans), les élèves français étudient également l’histoire des arts. Les élèves apprennent à offrir une interprétation du sens d’une œuvre d’art, identifier les caractéristiques et éléments de style clés, et se situer dans un musée. Comme résultat, les élèves français développent leur culture générale : un terme français qui fait référence à la connaissance des meilleurs accomplissements humains, y compris l’art plastique, la littérature, le cinéma, le théâtre, et les découvertes scientifiques. Troisièmement, pendant l’école élémentaire, les élèves prennent un cours qui s’appelle l’enseignement moral et civique. Les Américains qui ont regardé le titre du cours avec stupéfaction peuvent pousser un soupir de soulagement : à l’école élémentaire, le cours se concentre sur la coopération, la prise des décisions, et l’empathie. Les « elementary schools » américaines enseignent aussi ces compétences sociales et émotionnelles, mais en général ces leçons sont intégrées dans la vie quotidienne scolaire, plutôt que dans un cours consacré exclusivement à elles.
Onze ans à quatorze ans
« Middle school » et le collège
A la « middle school » et au collège, les systèmes éducatifs américain et français partagent beaucoup d’approches dans l’enseignement de la langue et de la littérature. Cependant, le système français est plus comparatif et interdisciplinaire et il a une portée mondiale plus vaste que le système américain dans le but d’affiner la compétence culturelle des élèves français.
La « middle school » américaine fait référence à une période de trois à quatre ans obligatoires d’éducation suivant l’ « elementary school ». Les enfants commencent « Sixth (6th) Grade » à onze ou douze ans, « Seventh (7th) Grade » à douze ou treize ans, « Eighth (8th) Grade » à treize ou quatorze ans. Dans les écoles indépendantes, les élèves entrent à la « middle school » en « Fifth (5th) Grade » à dix ou onze ans. Dans le système français, le collège fait référence à une durée de quatre ans obligatoires de l’éducation après l’école primaire (« Organisation de l’école »). Au collège français, les enfants s’inscrivent en sixième (6e) à onze ans, en cinquième (5e) à douze ans, en quatrième (4e) à treize ans, et en troisième à quatorze ans. À la fin de la troisième, les élèves français doivent passer une série d’examens et évaluations qui s’appelle le diplôme national du brevet des collèges (DNB) (« Le diplôme national du brevet »). Il n’y a pas d’équivalent dans le système américain.
À la fin de la « middle school » ou collège, les élèves américains et français doivent pouvoir utiliser et comprendre la langue nationale précisément et correctement (« Common Core Standards Initiative » et « Les programmes du collège »). Ils doivent également pouvoir adapter le registre de leur voix, à l’oral et à l’écrit à la situation. Par exemple, les élèves américains et français apprennent tous les deux à éviter les expressions argotiques et le vocabulaire informel dans l’écriture académique.
En plus d’utiliser la langue de façon propre et efficace, les élèves dans les deux systèmes développent un esprit critique en lecture, écriture, et réflexion (« Common Core Standards Initiative » et « Les programmes du collège »). Dans mon cours d’Histoire en « fifth grade », par exemple, j’ai appris à évaluer les sources pour les recherches : ce site web est-il fiable ? la source était-elle commissionnée par une organisation ? l’auteur présente-t-il de façon objective les deux côtés d’un débat ?
Les deux systèmes éducatifs assurent que les élèves commencent le travail de recherches vers onze ans, parce que cela les force à développer plusieurs compétences académiques : rassembler des informations, évaluer la fiabilité de ces informations, et organiser leurs pensées.
La « middle school » américaine et le collège français entraînent les élèves à comprendre la littérature classique. Tous deux mettent l’accent sur le contexte d’une œuvre de littérature. Toutefois, l’éducation à la « middle school » américaine souligne les contextes historiques et géographiques d’une œuvre, tandis que le collège français accentue les contextes littéraires et artistiques. Par exemple, quand j’ai lu « Roll of Thunder, Hear My Cry », mon professeur d’anglais en « fifth grade » s’est assuré que nous pouvions situer le roman dans ses propres contextes historiques et géographiques : la Grande dépression dans le sud des États-Unis. Le système français enseigne une approche comparative à la compréhension de la littérature, encourageant les élèves à évaluer une grande œuvre littéraire en la comparant avec d’autres œuvres littéraires, aussi bien que des œuvres cinématiques ou artistiques de la France ou d’autres pays (« Les programmes du collège »).
Ayant donné aux élèves une appréciation profonde de la littérature classique dans son contexte, les systèmes éducatifs américain et français enseignent tous les deux aux élèves à utiliser la littérature comme un modèle pour leur propre écriture. Je me rappelle avoir lu des contes folkloriques dans mon cours d’anglais en « sixth grade », puis avoir écrit mon propre conte folklorique dans le style de ceux que j’ai lus. Les élèves américains et français apprennent à reconnaître et comprendre les figures de style littéraires tels que les comparaisons et les métaphores (« Common Core Standards Initiative » et « Les programmes du collège »). Après avoir assimilé la notion des figures de styles, les élèves doivent les utiliser pour affiner leur propre écriture.
Les différences de curriculum entre le système éducatif américain et le système français deviennent moins évidentes pour les élèves de onze à quatorze ans. Bien que beaucoup d’élèves américains apprennent une deuxième langue vivante à la « middle school », les élèves français étudient deux langues simultanément pendant le collège (« Les programmes du collège »). Comme résultat, les élèves français acquièrent la connaissance de plus de cultures et peuvent voir comment les groupes culturels communiquent et interagissent entre eux. Une autre façon par laquelle le système éducatif français affine les études interculturelles est à travers le programme de géographie. Aux États-Unis, le cours de géographie est optionnel ; souvent, la géographie n’est pas une matière en soi. En France, la géographie est enseignée par des thèmes : en « quatrième », par exemple, les élèves étudient l’urbanisation du monde, les mobilités humaines transnationales, et les espaces transformés par la mondialisation. Le programme de géographie est global par sa nature : les principaux thèmes étudiés sont la France, les États-Unis, l’Afrique, les périphéries et les masses d’eau à travers le monde.
Au collège, l’Histoire des arts est un cours interdisciplinaire : c’est intégré dans les programmes de Français, instruction de la deuxième et la troisième langue vivante, histoire et géographie, arts plastiques, et éducation musicale (« Les programmes du collège »). Les élèves apprennent à situer l’art dans son propre contexte et l’analyser comme un artéfact d’histoire, de géographie, et de culture. Quand j’étais à la « middle school », j’ai rarement discuté de l’histoire des arts dans mes cours d’histoire, et je n’en ai jamais discuté dans d’autres cours, y compris mon cours d’arts plastiques qui s’est concentré sur la technique artistique. L’enseignement moral et civique pendant le collège s’aligne avec les valeurs de la France, au lieu des valeurs universelles (telles que la gentillesse) enseignées pendant l’école élémentaire (« Les programmes du collège »).
Maintenant que les élèves peuvent lire des documents historiques et comprendre des idées abstraites, le système éducatif français les expose aux valeurs fondamentales de la République, y compris la liberté, l’égalité, la laïcité, le respect, et la justice. Bien que les élèves à la « middle school » américaine lisent souvent des documents importants pour l’histoire des États-Unis (tels que la Constitution des États-Unis), selon mon expérience, les professeurs ne développent pas particulièrement ces textes : dans l’ensemble, ils sont enseignés comme n’importe quel autre document historique.
Une autre différence importante entre les systèmes éducatifs américain et français est la présence des tests normalisés, tels que le diplôme national du brevet des collèges (DNB) français. Aux Etats-Unis, seuls quelques états, mais pas tous, administrent des examens aux élèves de quatorze ans. L’examen de DNB évalue les connaissances et compétences qu’un élève acquière au collège, surtout le socle commun de connaissances, de compétences et de culture (« Le socle commun de connaissances, de compétences et de culture »). Le socle comprend le savoir, les compétences, les valeurs, et les attitudes nécessaires pour réussir à l’école, à la vie individuelle, et comme futur citoyen. C’est divisé en cinq domaines : (1) les langages pour penser et communiquer, (2) les méthodes et outils pour apprendre, (3) la formation de la personne et du citoyen, (4) les systèmes naturels et les systèmes techniques, et (5) les représentations du monde et de l’activité humaine. Le premier domaine est subdivisé en quatre sections : (1) la langue française, (2) la langue étrangère ou régionale, (3) les langages mathématiques, scientifiques, et informatiques, et (4) les langages des arts et du corps.
Le brevet des collèges est attribué sur une base de 800 points : 400 points sous la forme d’un contrôle continu par le professeur et le reste lors d’un examen de fin d’année. Les élèves peuvent choisir d’être évalué pour leur maîtrise d’une langue, étrangère ou ancienne, pour 20 points supplémentaires au maximum.
L’examen se compose de cinq épreuves (« Le diplôme national du brevet »). La première que les élèves peuvent passer dès avril, en classe de troisième, c’est une épreuve orale (100 points), une méthode d’évaluation avec laquelle la plupart des élèves de la « middle school » américaine ne sont pas familiers. Je n’ai passé qu’un examen avec une épreuve orale dans toute ma vie : le DALF (Diplôme approfondi de langue française) C1, administré par le ministre de l’Éducation Nationale française. Pendant l’épreuve orale du DNB, les élèves font une présentation, généralement à propos de l’histoire des arts, et ont un entretien avec des professeurs. Les élèves peuvent demander un entretien individuel ou en groupe : si c’est individuel, l’élève prépare un sujet pendant 5 minutes et passe l’entretien pendant 10 minutes ; si c’est en groupe, les élèves préparent le sujet pendant 10 minutes et ont l’entretien pendant 15 minutes.
Les élèves passent les quatre épreuves restantes, écrites, à la fin du mois de juin de la classe de troisième (« Le diplôme national du brevet »). La première des épreuves écrites est le Français (3 heures, 100 points), pendant laquelle les élèves doivent expliquer un texte littéraire, parfois une image, et compléter un exercice de rédaction parmi d’autres tâches. Les examinateurs évaluent le candidat sur la base de ses qualités d’analyse et d’expression. Durant la deuxième épreuve, les Maths (2 heures, 100 points), les élèves résolvent des problèmes de mathématiques, quelques-uns avec un tableau ou un schéma, et complètent un exercice d’informatique. La troisième épreuve, pendant laquelle les élèves analysent des documents et des cartes, est l’Histoire-géographie et l’Enseignement moral et civique (2 heures, 50 points).
Enfin, les matières scientifiques sont évaluées sous forme de deux épreuves d’une heure. Les élèves choisissent deux sujets parmi la physique, la chimie, les sciences de la vie et de la Terre, et la technologie.
Quinze ans à dix-huit ans
« High school » et le lycée
Il y a beaucoup de différences entre les systèmes éducatifs américain et français concernant les quinze-dix-huit ans. D’abord, dans le système français, il y a plusieurs voies d’enseignement au lycée : l’enseignement général, l’enseignement professionnel, l’enseignement technologique et l’enseignement agricole. Afin de comparer la « high school » américaine et le lycée français, je vais utiliser mon expérience comme élève américaine et suivre l’expérience d’un élève français sur la voie générale d’études dans un lycée d’enseignement général et technologique (deux termes que je vais bientôt expliquer).
La « high school » américaine fait référence à quatre ans d’éducation après le « eighth grade ». Les enfants commencent « Ninth (9th) Grade » à quatorze ou quinze ans, « Tenth (10th) Grade » à quinze ou seize ans, « Eleventh (11th) Grade » à seize ou dix-sept ans, et « Twelfth (12th) Grade » à dix-sept ou dix-huit ans. Dans le système français, le lycée fait référence à trois ans d’éducation après le collège (« Organisation de l’école »). Les enfants s’inscrivent en seconde (2de) à quinze ans, en première (1re) à seize ans, et en terminale (Tle) à dix-sept ans. À la fin de la terminale, les élèves français passent un examen qui s’appelle le baccalauréat, appelé «le bac» (Barthe 171). Il n’y a pas d’équivalent dans le système éducatif américain.
La première différence importante entre les systèmes éducatifs américain et français est qu’après le collège, les élèves français peuvent choisir de s’inscrire dans un lycée d’enseignement général et technologique (LEGT) ou dans un lycée d’enseignement professionnel («Le lycée»). Dans un LEGT, les élèves peuvent suivre une des deux voies. Alors que tous les élèves suivent les mêmes cours en seconde, ils se spécialisent en première et terminale. La première voie, la voie générale, prépare les élèves à passer le baccalauréat général et à étudier à l’université et en école spécialisée. La deuxième voie, la voie technologique, prépare les élèves à passer le baccalauréat technologique et comprend huit secteurs, allant des sciences de laboratoire à l’agronomie, la danse et la musique. Il y a aussi le lycée professionnel, qui prépare les élèves à obtenir soit un baccalauréat professionnel soit un certificat d’aptitude professionnelle (CAP) en allouant 40 à 60 % de l’horaire d’un élève aux études techniques et professionnelles, le reste du temps étant consacré aux matières fondamentales.
La « high school » américaine et le lycée français ont pour but de développer le niveau des élèves en littérature, leurs qualités d’analyse, d’argumentation et de réflexion (« Common Core Standards Initiative » et « Le lycée »). En tant qu’élève de la « high school », j’écris beaucoup de rédactions en analysant l’effet des choix d’un auteur dans mon interprétation d’un texte. Mes professeurs, comme ceux du Collège français, exigent que je mette en évidence les extraits de textes pour appuyer mes arguments. Mes réflexions à l’école proviennent d’habitude d’une question évoquée dans un texte que je peux appliquer à ma vie ; par exemple, à la conclusion d’une rédaction que j’ai écrite sur les couronnes et le pouvoir dans « King Lear » de Shakespeare, j’ai fait la connexion entre les idéaux américains à propos du pouvoir et la leçon morale que propose Shakespeare. Les élèves français de mon âge développeraient une réflexion avec une perspective plus philosophique.
En terminale, tous les élèves français suivent un cours de philosophie (Barthe 172), une matière que la plupart des élèves américains n’étudient pas, même à l’université.
Le cours de philosophie, qui cherche à développer l’esprit critique des élèves, comprend une étude des plus grands philosophes et une exploration de dix-sept concepts, parmi lesquels l’art, la justice, la nature, la langue, la liberté, la religion, l’État, la vérité, et le bonheur (« Programmes et ressources en philosophie »). Les élèves apprennent à comprendre et à expliquer des textes philosophiques, ainsi qu’à produire des réflexions écrites et orales à propos d’une question philosophique.
Une autre façon par laquelle le système éducatif français enseigne aux élèves comment organiser et appuyer des arguments est le programme d’Enseignement moral et civique au lycée (« Programme d’enseignement moral et civique »). Dans ce cours, les élèves apprennent à débattre, en tête-à-tête et en groupes, en respectant les opinions des autres. Les élèves complètent également un projet de recherche chaque année, pour lequel ils trouvent, contextualisent, lisent, et analysent des documents pour formuler un argument.
Tandis que les cours de philosophie et d’enseignement moral et civique entraînent les élèves à penser avec un esprit critique, le nouveau programme français de spécialités enseigne aux élèves à penser profondément. Débutant en 2021, le système éducatif français oblige les élèves à se spécialiser au sein de la voie choisie à la fin de la seconde (« Quels sont les enseignements de spécialité ? »). Ils choisissent trois spécialités pour étudier en première et ils continuent deux de ces spécialités en terminale. Il y a beaucoup de spécialités proposées. Par exemple, au sein de la voie générale, il y a treize options de spécialité, y compris Humanités, littérature et philosophie, sciences digitales et informatiques, Biologie-écologie, et éducation physique, pratiques et culture sportive. Toutes ces spécialités ont pour but d’offrir aux élèves une diversité de formation pour qu’ils puissent approfondir leurs études dans les matières auxquelles ils s’intéressent et rendre leurs études utiles pour leur avenir.
La spécialisation a ses avantages. Cela permet aux élèves d’étudier ce qu’ils aiment et d’aimer ce qu’ils étudient. Si j’étais une élève française, j’aurais toujours hâte d’aller à l’école parce que chaque cours serait mon préféré. La spécialisation permet aussi aux élèves de mettre à profit le maximum de temps passé à l’école. Par exemple, ceux qui savent qu’ils veulent travailler dans le domaine des sciences ont le temps de se plonger dans la matière de leur choix parce qu’ils ne doivent pas assister à des cours de Latin. Les élèves suivant la voie générale reçoivent quand même une éducation équilibrée : en plus de leurs spécialités, ils étudient tous le Français, l’Histoire-géographie, l’enseignement moral et civique, deux langues vivantes, la philosophie, les Sciences et la technologie, et l’éducation physique et sportive (« Quels sont les enseignements de spécialité ? »).
Mais la spécialisation a également des inconvénients. Avoir tant d’options de spécialité peut causer du stress. Si j’étais une élève française, je me livrerais certainement à une réflexion douloureuse sur les choix de spécialités parce qu’il y en a presque trop. J’apprécie de ne pas devoir choisir une grande partie de mes cours jusqu’à l’université. A ma surprise, les cours de sciences sont obligatoires pour les élèves suivant la filière L, mais les cours de maths ne le sont pas. Aux États-Unis, les sciences et les maths sont tous les deux obligatoires, et pour une bonne raison. Par exemple, mon étude de vecteurs en maths a rendu le concept de vélocité en physique beaucoup plus facile pour moi. Si je n’avais pas étudié les maths et les sciences, non seulement j’aurais raté une connexion importante entre ces deux concepts, mais aussi j’aurais appris moins de physique parce que j’aurais dû passer du temps à étudier les vecteurs, plutôt qu’à apprendre un nouveau concept.
Les élèves français suivant la voie générale sont évalués sur leur maîtrise de leurs spécialités par le baccalauréat (« Détails des épreuves du baccalauréat général »). Le baccalauréat se compose d’un contrôle continu et d’une série d’épreuves. Le contrôle continu d’un élève constitue 40 % de la note du baccalauréat (« Élèves de terminale »).
L’enseignement scientifique, l’Histoire-géographie, deux langues vivantes, l’éducation physique et sportive, et la spécialité étudiée uniquement en première, constitue chacun 5% de la note. Le bulletin scolaire de l’élève de première et terminale constitue 10 % de la note. Les épreuves finales constituent les 60% de la note qui reste. Un élève suivant la voie générale passe cinq épreuves finales : le Français (10 % de la note), la philosophie (8 %), chacune des deux spécialités étudiées en première et terminale (16% chacune), et une épreuve orale (10 %).
L’épreuve de Français, que les élèves passent à la fin de la première, comporte deux parties : l’écrit et l’oral (« Détails des épreuves du baccalauréat général »). L’épreuve écrite, qui dure 4 heures, constitue la moitié de la note globale de français ; l’épreuve orale, qui dure 20 minutes, constitue l’autre moitié. Le système éducatif français met l’accent sur les qualités d’expression et suit les progrès des élèves. L’épreuve de philosophie, d’une durée de 4 heures, est uniquement écrite. Les élèves peuvent choisir entre répondre à une question philosophique ou analyser un texte étudié pendant l’année scolaire. Selon une légende bien connue, l’épreuve de philosophie a posé la question : « qu’est-ce que c’est, le courage ? » (« Baccalauréat »). En réponse, un élève a écrit, « c’est ça, » et rien de plus. L’élève a reçu une note parfaite. Les épreuves de spécialité, qui varient en durée, incluent toutes des parties écrites ; quelques-unes incluent aussi des parties orales ou des épreuves pratiques (surtout pour les sciences de laboratoire).
L’épreuve orale, appelée le Grand oral, évalue la capacité des élèves à parler de façon claire, convaincante et précise (« Baccalauréat : comment se passe le Grand Oral ? »).
Le système éducatif américain encourage les élèves à parler, mais fait peu pour mesurer leur progrès. J’ai suivi quelques cours d’élocution ; cependant, je n’ai jamais appris à valoriser mes connaissances dans d’autres matières, en m’exprimant oralement.
Avant l’épreuve, qui dure 20 minutes, les élèves français préparent deux questions avec leurs professeurs ou d’autres élèves. Les questions sont basées sur une ou des spécialités de l’élève. Avant que l’épreuve commence, les élèves présentent leurs deux questions au jury (qui se compose de deux professeurs) qui choisit une question. Les élèves ont 20 minutes pour organiser leurs idées et créer une illustration pour le jury (l’illustration elle-même n’est pas notée). Dans la première phase (5 minutes), les élèves, debout devant le jury, expliquent pourquoi ils ont choisi cette question. Pour les deux phases qui suivent, les élèves peuvent se mettre debout ou s’asseoir. Dans la deuxième phase (10 minutes), le jury pose des questions à l’élève pour évaluer le savoir et les compétences d’argumentation. Dans la troisième et dernière phase (5 minutes), l’élève réfléchit à ses buts personnels et explique pourquoi la question est utile pour ses futures études ou sa carrière. L’épreuve est notée sur 20 points. Les élèves sont évalués sur la base de leur niveau de connaissance dans leur spécialité, leur capacité de formuler un argument et faire des connexions, leur esprit critique, la clarté de leur argument, et leur éloquence.
Conclusion
Ayant examiné les systèmes éducatifs américain et français, je m’aperçois de ce qui ressort de ma propre éducation américaine. La concentration sur l’apprentissage par le jeu en « preschool» m’a encouragé à être créative dès le début, et m’a enseigné comment aimer l’apprentissage, un amour que j’ai encore. Je me réveille le matin enthousiaste d’aller à l’école. Quand j’y arrive, j’ai hâte d’ouvrir mes livres.
Je suis euphorique quand ce que j’ai appris dans mon cours d’histoire a une connexion avec le roman que je lis dans mon cours d’anglais, et j’apprécie que les écoles américaines enseignent aux élèves à contextualiser la littérature classique.
J’apprécie également que mon éducation jusqu’à présent soit bien équilibrée : j’ai un socle de connaissances avec lesquelles je peux étudier n’importe laquelle des matières que je souhaite à l’université, et j’ai quand même du temps pour explorer plusieurs matières avant d’en choisir une ou deux que je veux étudier en profondeur.
Bien que je sois reconnaissante de mon éducation américaine, j’envie les élèves français pour leurs connaissances en géographie, histoire des arts, et philosophie. Ces trois matières leur donnent une compréhension globale du monde monde physique et culturel qui les entoure et développent leur esprit critique. Mais surtout, j’envie les compétences orales des élèves français. Ils pratiquent leur argumentation orale dans le cours d’enseignement moral et civique, et en préparant le brevet et le baccalauréat. Ils comprennent également comment valoriser ces atouts lors d’un entretien, une compétence utile pour la vie académique et professionnelle.
L’éducation « idéale » prépare les élèves au succès dans leurs futures études et dans leur vie. Je crois que mon éducation américaine m’a donné une base solide en lecture, écriture, maths, et sciences. Tandis que je trouve les cours d’Histoire des arts et la géographie importants, je pense que les prendre à l’université, si je le décide, va suffire pour mon éducation. Toutefois, je souhaiterais avoir acquis une base plus solide en rhétorique et philosophie, surtout à la « middle school » et à la « high school. »
Références
« Baccalauréat : Comment se passe le Grand oral ? | Ministère de l’Education Nationale de la Jeunesse et des Sports ». 2021. https://www.education.gouv.fr/baccalaureat-comment-se-passe-le-grand-oral-100028.
Ministère de l’Education Nationale de la Jeunesse et des Sports. « Baccalauréat 2021: Les réponses à vos questions ». https://www.education.gouv.fr/baccalaureat-2021-les-reponses-vos-questions-323477.
Barthe, M., Chovelon, B., et Cambon, M. Je vis en France: Vingt lectures faciles pour découvrir la civilisation française. Presses universitaires de Grenoble, 2016.
Ministère de l’Education Nationale de la Jeunesse et des Sports. Le collège. 2020. https://www.education.gouv.fr/le-college-4940.
« Détail des épreuves du baccalauréat général | éduscol | Ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports—Direction générale de l’enseignement scolaire ». 2021. https://eduscol.education.fr/727/detail-des-epreuves-du-baccalaureat-general.
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